Maître d’armes : un métier en tension et des clubs en péril

Maître d’armes : un métier en tension et des clubs en péril

Pénurie de main-d’œuvre diplômée et qualifiée, turnover des enseignants, reconversion professionnelle. L’avenir des clubs français s’assombrit en raison d’un marché du travail en tension.

Cette situation, connue depuis de nombreuses années, se traduit aujourd’hui par un double problème : la grande difficulté des clubs à recruter un maître d’armes et la grande difficulté des maîtres d’armes à vivre dignement de leurs activités. 

Nul besoin d’être grand clerc ou de faire des enquêtes nationales pour comprendre que la cause de cette double problématique réside dans la faible attractivité du métier de maître d’armes. La situation aujourd’hui est d’autant plus alarmante que la pyramide des âges de la profession n’offre aucune perspective d’amélioration.

…la pyramide des âges de la profession n’offre aucune perspective d’amélioration.

Dès lors, parler de contrat de progrès, de plan de relance, et même de développement de l’escrime ne revient qu’à « mettre la charrue avant les bœufs » alors que la problématique requiert avant tout une remise en cause des paradigmes et des idées préconçues.

Hélas, notre fédération s’échine à promouvoir de fausses bonnes solutions, aussi précipitées que conjoncturelles, afin de gonfler artificiellement les effectifs (licence bénévole, pass’scolaire) et atteindre un objectif de 60 000 licenciés en 2024 (et non pas 60 000 licenciés–pratiquants !)
Tous les plans de communication et les projets de création de salle d’armes « clefs en main » à destination des municipalités sont des miroirs aux alouettes qui masquent l’absence d’un réel projet pour la formation. Certes, le domaine de la formation des enseignants d’état est aujourd’hui soumis à de nouvelles exigences qui rendent les choix fédéraux complexes, mais qui ne peuvent exonérer ni les élus, ni les cadres de leur responsabilité.

… l’abandon de la corporation des maîtres, …, refus de défendre le statut de maître d’armes de demain.

Face au péril de devoir fermer les clubs faute d’enseignants, des mesures d’ajustement telles qu’instaurer la leçon individuelle payante (déjà pratiquée avec ses limites) ou la création de postes d’assistants techniques départementaux, partiellement cofinancés par la FFE et les comités régionaux, ne régleront pas la question de fond.

Le président de la FFE, après avoir choisi une DTN non-escrimeuse et après avoir cédé le dispositif de contrat de professionnalisation à la fédération de judo, ne parle plus que d’enseignants d’escrime avec un profil STAPS, c’est-à-dire généralistes pour mailler le territoire !

La corporation des maîtres d’armes (à laquelle il appartient) serait à même, si elle était bien formée, valorisée, justement rémunérée et motivée, de sauver leur fédération en péril. 

En deux ans, cette mandature aura été marquée par l’abandon de la corporation des maîtres d’armes, le refus de les considérer et de défendre le statut de maître d’armes de demain, cœur des enjeux et de l’avenir de l’escrime française… faute d’ambition.

- 10 juin 2022 - 3248 Views